
Coup de projecteur sur les Territoires du Nord-Ouest: Kirsten Carthew & The Sun at Midnight (le soleil à minuit)
Pour Kirsten Carthew, son premier long-métrage The Sun at Midnight est l’occasion de dévoiler bien plus que ses talents de scénariste, de productrice et de réalisatrice.
C’est l’occasion de présenter au monde les paysages spectaculaires, les couleurs et la beauté des Territoires du Nord-Ouest canadien : une région qui fut jusqu’à présent tenue à l’écart du monde cinématographique.
“Je voulais faire ce film, déclare Carthew à Canada Down Under, parce que j’adore cette région des Territoires du Nord-Ouest et je voulais vraiment la montrer et la partager avec d’autres gens, car elle est si cinématographique.”
“C’est le premier long-métrage des Territoires du Nord-Ouest, et de faire ce film c’est une occasion qu’on ne pouvait rater grâce au soutien de Téléfilm Canada, qui représente le Gouvernement canadien et de nos partenaires des Conseils tribaux Gwich’in.”
Son film raconte l’histoire d’une amitié inattendue entre Lia, jeune adolescente urbaine de 16 ans en cavale, interprétée par Devery Jacobs, et Alfred, chasseur Gwich’in interprété par Duane Howard. Plaçant au cœur du film l’environnement et les droits indigènes, pour Carthew il était essentiel d’obtenir le soutien de la communauté locale pour faire le film.
“Cette partie des Territoires du Nord-Ouest, dit-elle, se situe en terre Gwich’in et je savais que je ne voulais pas faire un film sans la collaboration effective et explicite des Gwich’in. Je leur ai donc proposé un scénario, et j’ai obtenu pas mal de retour, on a travaillé ensemble pour développer le scénario et puis, ils nous ont aidés avec le financement, parce qu’ils constituent l’un des principaux partenaires financiers.”
“Nous étions dans une petite communauté de 750 personnes, et si les gens n’avaient pas été impliqués on n’aurait bénéficié d’aucune aide, dans une région du monde très éprouvante parce que très isolée, très reculée.
“C’est un cadeau vraiment magnifique parce que, à l’exception de nos deux acteurs principaux, notre équipe est composée de locaux, nos personnages Gwich’in sont interprétés pour la plus grande partie par des personnes Gwich’in, et ils sont très fiers du film, très fiers de montrer leur terre. ”
Chargés de la tâche énorme d’écrire, produire et réaliser le film, Carthew et son équipe se sont trouvés confrontés à un certain nombre de problèmes pendant le tournage, et pas seulement à cause de l’isolement dans lequel ils se trouvaient.
“Nous travaillions en quelque sorte assez naïvement, explique-t-elle, parce que c’est le premier film (tourné dans les Territoires du Nord-Ouest), alors personne ne savait vraiment ce qu’il faisait et tout le monde s’est retrouvé à faire cinq choses à la fois, et personne ne s’est plaint.”
“J’étais hébergée chez des gens, d’autres dormaient parfois dans des tentes, tout à fait inhabituel, mais on a réussi à tout mettre en place, on avait des partenaires sensationnels et tout le monde a travaillé extrêmement dur pour que ça se fasse.”
Cette étroite proximité a permis le rapprochement de l’équipe, et on le voit bien sur l’écran.
“C’est une petite production, dit-elle, ce qui signifie qu’on était toujours les uns avec les autres, qu’on passait beaucoup de temps ensemble, qu’on prenait l’avion ensemble, qu’on conduisait ensemble, qu’on dînait ensemble.”
“La relation entre les deux acteurs dans la vraie vie devrait influencer celle entre les deux personnages à l’écran, et je pense que ça a très bien fonctionné parce que même si un acteur peut faire son boulot, il y a toujours un petit quelque chose en plus lorsqu’on aime la personne avec qui on tourne, et qu’on n’est pas obligé de faire semblant, et c’est ce qui rend l’expérience intéressante.”
Le thème de l’environnement dans le film est particulièrement important pour Carthew qui a travaillé pendant de nombreuses années avec des jeunes des Territoires du Nord-Ouest les aidant à développer une meilleure compréhension et connexion à la terre, y compris en démarrant des pilotages environnementaux.
“J’ai grandi en voyageant, dit-elle, en faisant du camping, on avait une ferme où on allait en fin de semaine, et la nature a toujours tenu un grand rôle dans ma vie, et chaque fois que j’ai voyagé je me suis toujours sentie très proche de la nature, je me suis toujours sentie acceptée dans un nouveau pays ou une nouvelle ville parce que je trouvais un lac ou un parc ou une montagne ou quelque chose et je pense que la relation des individus avec la nature est absolument important.”
“Quand je me suis baladée dans les Territoires du Nord-Ouest, j’ai rencontré beaucoup de jeunes gens, et même si on s’attend à ce que ou on pense que bien sûr tout le monde ici sait faire du canoë, camper, nager, et tout ça, parce qu’on vit au plus proche de la nature, mais en fait ce n’est pas le cas pour bon nombre de jeunes gens.
“Vivre dans la nature présente des dangers et on a besoin de savoir descendre une rivière en canoë, pas seulement de sauter dedans, et il faut savoir se débrouiller par soi-même. J’avais particulièrement envie de travailler avec des jeunes femmes, parce que l’histoire enferme normalement les femmes dans un rôle plus traditionnel, les privant de ce qu’on appelle ‘les compétences de survie’.
Elle espère que le film saura inspirer la jeunesse à profiter des opportunités d’explorer et d’apprendre ce qu’il faut savoir sur son environnement.
“Je voulais vraiment, dit-elle, montrer aux gens comment on peut prendre des risques positivement , tout en profitant des grandes aventures de plein air, aller en canoë, camper et explorer l’environnement local, et en faire une part de son identité, parce que c’est vraiment comme ça.”
“Il y a une phrase dite par Alfred dans le scénario, où il dit qu’en gros votre perception du monde extérieur est en relation très étroite avec votre perception de votre monde intérieur, et donc dans l’histoire, et par mon expérience avec les jeunes gens, je voulais qu’ils voient cette terre tout autour d’eux comme elle est extraordinaire, et qu’ils le sont eux aussi.”
Le film de Kirsten Carthew The Sun at Midnight a été présenté au Festival du Film de Sydney dans la section ‘Focus sur le Canada’. Carthew était elle-même invitée à Sydney grâce au soutien du Consulat général du Canada, Sydney.