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Shane Koyczan parle du Canada, des Jeux olympiques et de l’importance de la jeunesse

Shane Koyczan parle du Canada, des Jeux olympiques et de l’importance de la jeunesse

Vous pensez que se voir offrir un rôle de premier plan pour la Cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques serait quelque chose à ne pas laisser passer, mais pour le poète canadien expert en poésie orale Shane Koyczan, voilà qui a demandé une certaine réflexion.

Lorsque le Comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2010 de Vancouver l’a contacté pour lui proposer une performance, Koyczan déclare qu’il a été confronté à un certain nombre de questionnements personnels.

“Je me rappelle que c’était une période particulièrement instable politiquement, et en tant que gars des banlieues, parce que c’est ce que j’étais quand j’habitais à Vancouver, j’ai vu beaucoup de questions laissées sans réponses en échange de la tenue des Jeux olympiques à Vancouver. Des problèmes que nous avions avec la pauvreté, les sans-abris, la drogue, la santé mentale, tout ça, ajoute-t-il. »

“C’était comme un cas de conscience pour moi, je ne voulais pas être celui qui trahit leur confiance. Je fais partie de cette communauté.”

Au final, l’importance de cette opportunité et les avantages de cette performance, pas seulement pour lui-même mais pour son art, c’est ce qui l’a poussé à franchir le pas.

Et de nous dire : “La seule personne avec qui je pouvais parler c’était ma grand-mère. Elle m’a dit : ‘Tu crois que tu auras une deuxième chance? Tu crois vraiment que si tu dis non, ils vont revenir te chercher dans dix ans et te dire eh, tu te rappelles ce que tu as laissé passer la dernière fois ? Tu veux essayer maintenant?”

“Placer la poésie sur ce genre de scène, une scène internationale, l’opportunité elle n’est pas là que pour moi, elle est là pour tout ce style que je représente, et on le voit au Canada maintenant, cette renaissance incroyable de la poésie orale, même les écoles s’y sont mises.”

En Australie pour des performances à Sydney et Melbourne, Koyczan, âgé de 40ans, ajoute que pour lui monter sur scène ce n’est toujours pas une seconde nature, quand bien même il a déjà parcouru le monde en donnant des performances à guichets fermés, y compris cette fameuse performance en tant que vedette de la Cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Vancouver en 2010.

“Je pense que monter sur scène, c’est se mettre à nu émotionnellement. Etre ce personnage fragile sur la scène quand toute personne du public peut devenir un marteau potentiel, il y a de quoi vous faire peur, explique-t-il. ”

“J’y suis depuis un moment, et je ne suis toujours pas tranquille, j’ai encore le trac. Je suis toujours époustouflé qu’il y a des gens qui sont en contact avec ce que je fais. ”

Que des jeunes soient sensibles à son travail, c’est particulièrement important pour Koyczan. De nombreux messages et anecdotes tissés dans sa poésie font référence au harcèlement et à la santé mentale, et il sait bien que ce sont encore des questions primordiales dans les écoles du monde entier, même si l’environnement est peut-être différent de ce qu’il a connu quand il était plus jeune.

“Quand j’allais à l’école, il n’y avait pas d’affiches aux murs, pas de groupe de soutien. Personne n’en parlait;  c’était juste dans les mœurs. Mais tu étais libéré à 3 heures, tu pouvais rentrer chez toi et ne plus y penser, et c’était bien, dit-il. ”

“Et aujourd’hui  on a affaire à des gosses qui utilisent les réseaux sociaux, et maintenant c’est jusques dans leur maisons, sur leurs téléphones, partout où ils vont, ça fait partie de leur monde à part entière. Quand j’étais enfant, le harcèlement c’était dur à supporter mais ce n’était pas tout le temps. Ça m’inquiète plus aujourd’hui parce que j’ai le sentiment que c’est tout le temps.”

Le poème de Koyzcan intitulé To This Day (Jusqu’à maintenant), qui a été vu plus de 20 millions de fois sur YouTube, décrit ses propres luttes personnelles avec le harcèlement quand il grandissait, et la réponse des jeunes du monde entier a été énorme.

“Bien sûr que ça me renverse, mais une bonne partie de ce que je reçois me fend le cœur, dit-il.”

“L’une des choses qu’on a tendance à oublier  concernant les jeunes c’est qu’ils sont bien plus honnêtes, quand ils décident de parler, qu’ils sont bien plus courageux que nous, avec le temps on apprend à fermer quelques portes sur nous-mêmes, parce qu’on nous dit ou parce qu’on pense que ça ne se dit pas. Je ne crois pas que cette mesure existe chez les jeunes.

“En fin de compte c’est assez réconfortant. Je pense que les plus rassurants sont ceux que je reçois de la part de personnes qui en ont harcelé d’autres, ceux qui disent j’ai vu ta vidéo et maintenant je suis mal à l’aise parce que je n’en avais pas compris les conséquences.”

La passion de Koyzcan pour les questions de la jeunesse est évidente : il est déterminé à impliquer les jeunes à tous les niveaux.

“Je veux vraiment impliquer les jeunes dans la conversation, parce que pendant longtemps la politique c’était comme un repas où les jeunes n’étaient pas invités à s’asseoir autour de la table, ils étaient assis à une autre table, et de là on leur faisait comprendre que leur voix n’avait aucune valeur, aucune utilité, ajoute-t-il. ”

“On parle de gens qui un jour prendront le pays en main et ils ont besoin de commencer à faire partie de cette conversation, et ils ont besoin de commencer à manœuvrer le navire.”

Koyczan se dit être un privilégié, mais il s’inquiète aussi de l’écho que sa position grandissante dans le monde de la poésie lui a donné.

“Je n’ai jamais imaginé que ce que je fais pourrait avoir un tel impact, une telle répercussion  et j’essaie d’avancer prudemment avec tout ça, j’essaie de faire bien attention à tout ça, ce n’est pas quelque chose que je veux simplement balancer à la ronde, dit-il.”

“Je me refuse d’être cette entité politique qui prêche à tout le monde comment le monde doit être, c’est quelque chose qu’on doit trouver tous ensemble.”

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Canada Down Under is an on-line portfolio of Canadian-Australian stories produced by the Consulate General of Canada in Sydney and other contributors.

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