
Le hockey et le Canada: une parfaite association
Il semble fort à propos pour le Canada de célébrer un tel évènement majeur en 2017 que le 150e anniversaire de la Confédération en même temps qu’un moment phare de son passe-temps national.
Cette année fête les 100 années de la Ligue nationale de hockey, et les 125 ans de la Coupe Stanley et personne n’oserait nier l’importance du hockey pour le Canada pendant cette période et bien au-delà.
Pour un spectacle désormais annuel, la Fondation Stop Concussions, en association avec Brain Injury Australia, ont invité Team Canada et Team USA en Australie pour offrir aux Australiens fous de sports un aperçu de ce qui est l’une des plus grandes compétitions sportives.
Cette année, les matches se jouent à Melbourne et Sydney, avec une représentation de la grandissante Ligue australienne de hockey sur glace ainsi qu’une participation junior et des levées de fonds pour des importantes causes.
Pour Kerry Goulet, fondateur de Stop Concussions et ancien joueur professionnel de hockey, l’élément moteur de l’introduction de ces matches en Australie, c’est une opportunité offerte aux Australiens de faire l’expérience d’un sport qui pourrait être nouveau pour eux et d’admirer par la même occasion quelques-uns de ces athlètes extraordinaires et talentueux.
“Je pense, dit-il, qu’on voit que c’est un sport de passionné, ‘du sang et des larmes’ tout cela sur des lames en acier, des gars qui évoluent à 30km/h avec un talent qui dépasse celui des autres athlètes quand on y pense. ”
“Passer, tirer, marquer : tout est question d’utiliser ces aptitudes toujours en mouvement sur une paire de lames en acier, je pense que c’est ce qui attire les gens et au Canada on a la météo, le caractère, l’infrastructure. À Toronto on a 300 patinoires, ici à Melbourne deux.”
Ce manque d’infrastructure en Australie dans les stades ayant la capacité d’accueillir les grandes foules attirées par ce sport, c’est un challenge logistique pour les organisateurs, les joueurs et les spectateurs s’attendant à ce que les conditions soient optimales pour un hockey de classe internationale.
Et Goulet d’expliquer : “Il faut six conteneurs d’équipement pour faire venir la glace de Hollande, là où la meilleure glace est produite, et d’Amérique du Nord d’où viennent les surfaceuses Zamboni et la patinoire elle-même, soit quatre semaines de bateau pour traverser les océans.”
“Une fois sur place, il faut une équipe de vingt personnes pour tout installer, trois jours de travail, 80 000 litres d’eau et une équipe logistique énorme pour s’assurer que tout est prêt pour recevoir les athlètes pros et assurer le spectacle.
“On a aussi compris qu’il fallait que la glace doit être d’une qualité qui permette aux joueurs de jouer en toute sécurité, c’est pourquoi je pense que c’est vraiment remarquable de transformer une salle de concert en patinoire telle qu’on pourrait voir à Madison Square Garden ou au Centre Air Canada de Toronto, c’est tout simplement génial .”
En plus de présenter le sport au public, l’objectif de cette tournée est d’attirer l’attention sur une question qui a récemment retenu l’attention et intéressé la recherche à grande échelle : celle de la commotion cérébrale dans les épreuves sportives.
Pour Goulet, il est important que les joueurs commencent à comprendre les conséquences des blessures sportives, plutôt que d’attendre le moment de leur retraite, quand les dégâts ont été faits. Il veut éduquer les joueurs et les officiels afin que soient éliminés les excès de bravoure inhérents au sport professionnel afin de protéger ses meilleurs atouts.
“Quand je jouais dans les années 1980, dit-il, j’ai eu la chance de jouer en Allemagne comme joueur professionnel, on ne voulait jamais s’arrêter de jouer, c’était enraciné en nous, il fallait jouer malgré la douleur, se reprendre, gagner à tout prix, et c’est une des raisons pour laquelle les joueurs sont victimes de commotions cérébrales : parce qu’ils continuent de jouer malgré tout.”
“C’est ce qui m’est arrivé, et j’ai compris qu’il fallait que je fasse quelque chose, alors lorsque ma carrière a été finie, j’ai compris qu’il fallait qu’on apprenne à se protéger de nous-mêmes, et c’est comme ça qu’est né StopConcussions.”
Né au Canada, Scott Hannan a joué plus d’un millier de matches de la LNH, principalement avec les Sharks de San Jose, il est ensuite devenu capitaine de Team USA pour la série d’exhibitions, et selon lui on a noté parmi les joueurs professionnels la prise de conscience et l’intérêt de la recherche sur les commotions, mais cela doit être pris en compte par les parents et les entraîneurs au niveau junior.
“Ce n’est pas quelque chose à laquelle on pensait au début de ma carrière, dit-il, on ne pensait qu’à retourner sur la glace, mais je pense qu’avec la prise de conscience des ramifications en aval, maintenant que je suis père de deux jeunes enfants, ça m’inquiète sérieusement.”
“On regarde ce qui est arrivé à certains de nos joueurs qui ont pris leur retraite et on voit la douleur des familles affectées, alors peu importe quelle prise de conscience, en particulier en ce qui concerne le hockey junior et l’avertissement aux parents; je pense que quand on était jeunes et qu’on prenait un coup sur la tête, c’était du genre: ‘allez ça ira, reprends-toi et retournes-y’, maintenant on sait que c’est sérieux et que ça peut nous affecter sur le long terme, alors toute prise de conscience est cruciale.”
Vainqueur de la Coupe Stanley avec les Hurricanes de Carolina et capitaine de Team Canada, Mike Commodore est d’accord que les commotions c’est quelque chose auxquelles il n’a pensé qu’après que sa carrière soit finie.
“Je ne peux pas dire que j’y pensais beaucoup quand je jouais, dit-il, mais maintenant que je suis à la retraite et grâce à la LNH et à la couverture qu’on y donne, ça s’infiltre petit à petit. On entend les histoires des gars qui en souffrent et maintenant que je ne joue plus j’admets que j’y pense beaucoup plus.”
“J’ai eu de la chance, je n’ai jamais été victime de commotion cérébrale, je ne devrais donc pas m’inquiéter, mais c’est vraiment inquiétant, les gars luttent en fin de compte, certains plus que d’autres, et oui il faut absolument encourager les prises de conscience.”
Nommé l’un des 100 plus grands joueurs de la LNH de tous les temps, Daryl Sittler s’est joint à la tournée en tant qu’entraîneur de Team Canada. Il déclare qu’il a joué à une époque différente, depuis la protection des joueurs s’est améliorée avec le temps et du matériel de meilleure qualité.
“J’ai joué dans 15 saisons de la LNH, dit-il, et dans sept d’entre elles je n’avais pas de casque, et puis j’ai vu quelqu’un blessé gravement, j’avais deux petits enfants à cette époque et je me suis dit que je devrais peut-être en mettre un pour me protéger. ”
“Le jeu est rapide, l’équipement très dur, et on est dans un endroit exigu : les commotions arrivent, on essaie de se protéger du mieux qu’on peut avec le meilleur matériel de hockey, les meilleurs casques, et maintenant aussi, la plupart des joueurs portent des visières pour se protéger les yeux, à mon époque personne ne portait de visière. ”
Commodore et Hannan ont tous les deux rejoint le challenge hockey sur glace en Australie ayant pris leur retraite de joueurs professionnels en Amérique du Nord et ayant atteint les sommets notamment en représentant le Canada, mais saisir l’opportunité de venir en Australie pour la promotion du sport et pour apporter leur soutien à StopConcussions et Brain Injury Australia cela a suffi amplement pour les ramener à la glace.
“Je pense que la promotion de ce sport est extrêmement importante quand je considère tout le plaisir qu’il nous a donné à moi et ma famille, dit Hannan.”
“J’ai grandi avec lui, et je pense à chaque fois que je peux le présenter dans un autre pays, à d’autres gens et constater le plaisir qu’ils ont à y assister ; je l’ai vu de mes yeux depuis notre arrivée ici, les deux matches qu’on a joués, la joie que ça a généré chez les fans, voir comment ils étaient excités, ça nous a excité nous aussi. ”
Commodore a travaillé avec des œuvres de charité pendant toute sa carrière, jusqu’à se raser la tête pour la Fondation Jimmy V pour financer la recherche sur le cancer à l’issue des campagnes finales avec les Hurricanes, et pour lui aussi il est important de donner bien au-delà de simplement jouer.
“Une fois installé dans la LNH à Carolina et Columbus, j’ai voulu accomplir quelque chose, dit-il, que ce soit pour le cancer, ou autre, à Colombus je me suis engagé avec l’autisme. ”
“Certes j’ai dû travailler dur pour y arriver, mais en même temps j’ai eu beaucoup de chance, il y a pas mal de facteur chance dans le jeu, alors si on a l’occasion de partager je pense que c’est important.”
Pouvoir attirer en Australie des stars du hockey de haut niveau comme Commodore, Hannan, Sittler et Dave “Tiger” Williams”, l’entraîneur de Team USA né au Canada, c’est ce qui a attiré les Australiens novices à ce sport, mais aussi les expatriés canadiens et américains à qui ce sport manque à son plus haut niveau pendant leur séjour en Australie.
“Pour les gens en Australie qui sont loin du jeu (à son niveau le plus élevé) même s’ils le regardent à la télévision, je pense qu’on oublie les anciennes stars, déplore Goulet. ”
“Cette année nous avons l’honneur d’accueillir Darryl Sittler, l’un des 100 meilleurs joueurs de tous les temps de la Ligue nationale de hockey, qui marqua un but décisif pour le Canada en 1976, et qui a accepté de venir, et puis Dave “Tiger” Williams, l’un des personnages éminents de de la Ligue nationale de hockey, 3966 minutes de pénalité, dur, dur, mais un véritable ambassadeur de ce sport et du Canada.”
Et ce ne sont pas seulement les anciens héros qui ont été attirés par la tournée australienne. Récemment, certains des joueurs sont devenus les plus grands noms de la LNH.
“On a eu quelques- uns de ces super héros, dit-il, Brent Burns est venu, qui vient juste d’être nommé vainqueur du trophée Norris de cette année, et Ben Scrivins l’an dernier, et bien sûr Scott Darling.”
“On grandit, les gars comprennent l’effet de l’expérience australienne, et bien sûr on joue devant des milliers de fans de hockey enthousiastes.”
Sittler espère que cet enthousiasme constaté chez les spectateurs entraînera plus de jeunes vers ce sport, parce qu’une fois lancés, ils ne voudront plus s’arrêter.
Bien évidemment l’Australie est un pays très porté sur le sport, dit-il, avec le football, le soccer et tous les autres sports pratiqués, et la lancée du hockey en a un peu souffert. ”
“Mais pour tout gamin qui joue au hockey, c’est un sport fascinant, une fois qu’on a commencé, on aime le jeu et il y a des installations superbes ici, alors avec un peu de chance le sport continuera de grandir.”
Il était important pour lui de profiter de l’occasion de venir en Australie pour la première fois, de partager le sport qu’il aime, surtout en cette année significative pour son pays et pour ce sport qui a tant d’importance pour son pays.
“Au Canada, dit-il, la plupart des gamins veulent devenir des joueurs de hockey quand ils seront grands, et pour les parents une bonne part de leur vie sociale en hiver c’est d’emmener les gosses à la patinoire, et de patiner avec eux. ”
“Le 100e anniversaire de la LNH, le 100e anniversaire des Toronto Maple Leafs et le 150e anniversaire de notre pays, ça fait pas mal à célébrer, c’est sûr. ”