Encourager la réconciliation par les relations avec autrui : comment un leader travaille collaborativement afin de transformer le secteur de l’éducation internationale
Craig Wallace comprend l’importance des liens mondiaux, et son travail ouvre la voie pour que les étudiants autochtones puissent accéder à des expériences susceptibles de changer leur vie par le biais de l’éducation internationale.
Les chiffres de 2018 montrent qu’ en Australie, 24 pour cent des étudiants de premier cycle vivent une expérience internationale comme composante de leur licence, et ce chiffre a continué à augmenter au cours des 5 dernières années.
Qu’il s’agisse d’un stage dans une entreprise à l’étranger, d’un programme d’échange universitaire ou d’un programme d’études de courte durée de deux semaines, il a été prouvé que ces expériences augmentent l’employabilité des étudiants après l’obtention de leur diplôme, renforcent leur confiance en eux-mêmes et créent des liens avec d’autres étudiants à travers le monde.
Ces avantages précieux démontrent qu’une expérience internationale joue un rôle pour ‘combler le fossé’ entre les étudiants autochtones et non autochtones. Toutefois, les taux de participation des étudiants autochtones dans les expériences internationales ne sont pas les mêmes que ceux de leurs pairs non autochtones.
Voilà pourquoi Craig se passionne pour l’idée de faire la différence pour les étudiants autochtones de l’université de Monash.
Né aux chutes du Niagara, Canada, Craig n’est pas étranger aux avantages de travailler ou étudier à l’étranger. Bien qu’il considère toujours que le Canada soit son ‘chez lui’ , il vit et travaille en Australie depuis plus de 8 ans.
« Le fait d’obtenir la citoyenneté australienne a été quelque chose de vraiment spécial pour moi. »
Grâce à son expérience concrète, Craig se passionne pour l’idée d’aider davantage d’étudiants à explorer de nouvelles cultures et à comprendre des perspectives différentes.
« C’est un réel privilège pour moi de pouvoir relier mes connaissances et mon expérience afin de créer des cursus novateurs qui changent la vie et relient des personnes du monde entier. »
« Quand je suis revenu de ma propre expérience d’études en Inde, j’ai immédiatement commencé à travailler comme bénévole pour le Centre des programmes internationaux de l’université de Guelph. »
« Je me souviens avoir dit au directeur international, vous avez mon emploi de rêve, et, depuis lors, je travaille dans l’éducation internationale. »
Le rôle de Craig en tant que directeur de développement, ‘Apprendre à l’étranger’ à l’université de Monash le place dans une position unique.
Étant donné que, parmi les universités australiennes, l’université de Monash envoie l’une des plus grandes cohortes d’étudiants de premier cycle à l’étranger, l’opportunité d’augmenter l’accès pour les étudiants autochtones allait de soi.
« Au-delà des volumes, Monash est déterminée à augmenter les taux d’accès au programme ‘Apprendre à l’étranger’. »
« Il est important de comprendre qui accède aux programmes d’études à l’étranger de Monash pour pouvoir identifier les groupes d’étudiants qui pourraient en bénéficier mais qui ne participent pas actuellement. Outre le fait de rendre les programmes existants plus accessibles, l’opportunité existait de développer quelque chose de nouveau à l’intention de nos étudiants autochtones. »
Il se focalise sur le fait d’identifier les raisons pour lesquelles les étudiants autochtones ne sont pas en mesure de participer ou hésitent quant à s’adonner à une expérience internationale.
« Ce qui me donne le plus de satisfaction, c’est d’éliminer les obstacles pour que les étudiants puissent apprendre à l’étranger. Je me passionne tellement pour l’idée de collaborer avec mes collègues afin de rendre de nouvelles opportunités possibles. »
« Partout où cela est possible, j’espère que nous pourrons intégrer une perspective autochtone ou des programmes autochtones aux expériences d’études, qu’il s’agisse d’étudiants venant de l’étranger ou allant à l’étranger. »
L’université de Monash s’est révélée être un lieu idéal pour ce faire, puisque l’université a récemment lancé le Cadre Monash pour les autochtones et les insulaires du détroit de Torres (2019-2030).
Avec ce plan, Craig s’est rendu compte que la mobilité des étudiants pourrait soutenir les objectifs plus vastes de l’université visant à augmenter la participation des autochtones.
Craig précise qu’il était très conscient de son rôle dans le processus en tant que personne non autochtone, et que de part et d’autre l’on comprenait qu’il était important que le programme soit géré par des autochtones.
« Je savais qui contacter afin que nous puissions relier les personnes appropriées pour lancer le processus de développement d’idées. »
Dans ce domaine, l’expertise des collègues de Craig qui travaillaient à l’Institut William Cooper, le pôle de recherche, d’apprentissage et de participation des Aborigènes et des Insulaires du détroit de Torres de l’université de Monash, était cruciale pour développer ce programme.
« Il était vraiment important que le personnel d’engagement mondial travaille aux côtés de nos collègues de l’Institut William Cooper afin de bâtir un cursus qui leur permette d’atteindre leurs objectifs. »
« Pour pouvoir envoyer des étudiants qui n’accèdent pas habituellement à nos programmes à l’étranger, nous devons encourager les relations qui sont basées sur la confiance à l’interne », dit-il.
La Professeure Jacinta Elston, la vice-recteur (autochtone) de Monash a joué un rôle clé dans le développement d’un nouveau voyage d’études destiné aux leaders d’étudiants autochtones.
« Elle comprenait la valeur d’une éducation internationale et a fait sienne cette idée dès le départ », dit-il.
« Le fait d’apprendre à l’étranger était particulièrement pertinent pour elle. Je n’ai pas eu besoin de la convaincre. Il s’agissait juste de savoir comment, parce qu’il y avait tant d’idées et d’options pour le développement d’un programme. »
À l’issue de beaucoup de planification et de collaboration, la Professeure Elston, l’Institut William Cooper et Craig ont contacté l’université de la Colombie-Britannique (UBC), qui s’est avérée être un choix évident de partenaire.
« L’UBC et Monash ont un partenariat de très longue date qui comporte des liens forts au niveau de la recherche et de la mobilité. »
« Le mot d’ordre ici est la collaboration et la confiance. Il ne faut pas sous-estimer les liens professionnels que les gens peuvent avoir. »
Ensemble, ces institutions ont développé le programme pilote international, dans le cadre duquel sept étudiants et deux membres de personnel de Monash se sont rendus au Canada en 2019 pour partager leurs connaissances et leurs expériences.
« Ce programme a permis aux étudiants d’en apprendre plus sur les peuples des Premières nations du Canada et de créer des liens avec eux par le biais d’une gamme d’activités, dont notamment le partage et la réflexion » nous explique Craig. « Mes homologues d’UBC Go Global et d’autres leaders autochtones du campus ont apporté des contributions exceptionnelles à l’élaboration du programme. Ils ont pu organiser des réunions et des visites avec la communauté de l’UBC. »
Pendant une semaine, les étudiants de Monash ont participé à un programme qui leur a permis de créer des liens avec des érudits des Premières nations spécialistes du domaine des traités et de la réconciliation. Ils ont visité le musée d’anthropologie, la Maison longue des Premières nations et le Centre d’histoire et de dialogue du pensionnat de l’UBC.
La Professeure Elston a intégré le voyage d’études en Colombie-Britannique comme composante du Programme de leadership destiné aux étudiants autochtones de Monash.
Il précise qu’il s’agit là de seulement l’une des nombreuses opportunités disponibles qui devraient permettre de rehausser la proposition de valeur et l’attractivité de Monash en tant que destination d’études pour les étudiants autochtones des quatre coins du pays.
« Nous voulons aussi que Monash soit une destination prisée par les étudiants internationaux, afin que les peuples des Premières nations du monde entier appartiennent à notre communauté. »
Selon Craig, la collaboration de l’université de Monash et de l’université de Colombie-Britannique souligne l’opportunité unique détenue par les établissements d’enseignement supérieur pour ce qui est d’incorporer des pratiques qui soient inclusives et qui fassent progresser la réconciliation autochtone auprès de leurs étudiants, de leur personnel et de leurs communautés au sens large.
« Nous nous efforçons d’élargir la programmation d’études à l’étranger que nous proposons à nos étudiants autochtones. » L’on se prépare actuellement à ce que Monash puisse en faire autant en accueillant des étudiants autochtones de l’UBC lors d’un voyage d’études à Melbourne.
Craig espère qu’à l’avenir, le programme continuera à s’élargir, surtout entre les universités canadiennes et australiennes, car « nos valeurs sont en harmonie et nous avançons à de nombreux égards en vrais partenaires. »
« Cette programmation devrait voir des liens supplémentaires tissés tant pour le personnel que pour les étudiants. Nous explorons aussi les échanges de personnel et nous développons des liens autochtones renforcés avec un autre partenaire, l’université Western à London, Ontario. »
« La réconciliation, c’est un processus d’apprentissage constant ; il faut aussi se rendre compte que ce cheminement se poursuit indéfiniment » explique Craig.
L’influence, la passion et le leadership de Craig lui ont permis de rassembler des gens autour de lui pour développer un programme à fort impact dont le bilan et les liens peuvent changer une vie.
« Faire partie d’un processus de réconciliation signifie relier l’apprentissage aux relations avec autrui. Pour moi, il s’agit de consentir le maximum d’efforts pour créer des relations avec mes collègues et étudiants autochtones. »
En réfléchissant à ces mots, il apparaît clairement que Craig s’est engagé à faire partie de ce parcours pendant des années à venir. Il reconnaît cependant volontiers que, lorsqu’il travaille avec ses collègues et étudiants autochtones, « ce sont eux qui tracent la voie. »