Politique pour l’inclusion culturelle
Présentation
Le Consulat général du Canada, Sydney, a réuni un groupe de leaders australiens issus de l’industrie créative pour examiner comment la programmation culturelle et artistique pourrait mieux englober la diversité et l’inclusion comme valeurs intrinsèques.
Le Canada et l’Australie partagent des points communs dans le domaine culturel au vu de leurs expériences historiques similaires. Cette alliance unique en son genre fournit l’occasion de collaborer et de réfléchir sur des thèmes tels que le genre, la réconciliation, la jeunesse, l’orientation sexuelle, l’innovation et les bouleversements au sein de l’espace artistique.
Cette discussion ouverte et animée embrasse les défis et opportunités associés aux décisions et aux approches de toute programmation. De surcroît, une telle initiative a pu façonner une vision plus ciblée de la programmation culturelle canadienne en Australie alors qu’une meilleure sélection des ressources est à l’ étude pour que toute programmation reflète bien la diversité et l’inclusion dans tous ses éléments.
Quelques idées à emporter émanant de cette discussion sont incluses dans ce rapport.
Le Consulat a l’intention de capitaliser sur ces résultats et de poursuivre avec d’autres rendez-vous du même type en consultation avec des conseillers australiens de Melbourne et d’ailleurs.
Nous souhaitons également partager nos meilleures pratiques dans la programmation diverse et inclusive des événements artistiques que ce soit en Australie ou au Canada en nous appuyant sur cette conversation fondamentale.
-Angela Bogdan, Consul général du Canada, Sydney
Prendre la marge en considération
Il est essentiel d’ouvrir les yeux sur la marge. Les personnes en marge engagent les conversations les plus tonitruantes et s’expriment le plus : c’est de là qu’émerge le sens le plus aigu de la connexion.
En règle générale, le secteur culturel se trouve en meilleure position pour dénicher de tels interprètes, artistes ou spectacles ; tirer avantage de leur expertise des festivals et des spectacles permet non seulement de découvrir les meilleures performances artistiques mais aussi de profiter des installations et des pistes promotionnelles utilisées par ces événements. Une telle approche permet de trouver des points d’accès dans la communauté au sens large et de repèrer un public actif. Grâce à ces festivals, une plus grande opportunité s’offre aux artistes pour rencontrer des partenaires créatifs en provenance du monde entier, pour diffuser des idées, collaborer et en tirer des enseignements.
Financer une collaboration entre les festivals australiens et canadiens permet une pollinisation des idées et le développement de thèmes tels que la réconciliation universelle, tout en donnant aux divers publics l’occasion d’explorer la condition humaine par les arts distincts de chacune des deux nations. De telles collaborations offrent aux artistes la chance de faire l’expérience d’environnements nouveaux, de cultures nouvelles et d’œuvres nouvelles comme ce fut le cas avec l’échange tri-national mentionné dans l’exemple qui suit.
Étude de cas
L’échange tri-national est le fruit d’une collaboration entre Moogahlin Performing Arts (AUS), Native Earth Performing Arts (CAN), et Tawata Productions (NZ) mettant en valeur une nouvelle écriture des Premières Nations destinée à un public international. Les pièces sont choisies par un processus de sélection compétitive, les répétitions se font collaborativement avec les acteurs avant d’être produites pour une inclusion dans des festivals importants tels que PuSH International Arts Festival, le festival de Vancouver et celui de Sydney, Australie. Le narratif est facilement interprété par les communautés autochtones du Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande au vu d’une expérience qui leur est commune. L’œuvre de Cliff Cardinal a été lue par des acteurs australiens au Festival de Yellomundee, et sa pièce de théâtre HUFF ne cesse de captiver le public australien par sa force.
Éducation et jeunesse
L’importance d’une participation de la jeunesse dans les arts et la culture est sans égale. Les festivals du monde entier attirent une population âgée et le rôle des plateformes traditionnelles semble en perte de vitesse. L’art peut être quelque peu intimidant pour la jeunesse et une focalisation du financement devrait avoir pour objectif de bousculer les barrières excluant la jeunesse car cette dernière est partie intégrante du dialogue.
Un aspect important de l’engagement de la jeunesse est de lui donner des représentations positives. Les histoires et la culture visent la jeunesse, mais elles ne savent ni où ni comment la joindre. La technologie, les médias sociaux et les influenceurs pourraient être mieux utilisés par le financement gouvernemental celui-ci se fixe pour objectif d’atteindre la nouvelle génération et de lui donner un accès.
Un changement de direction pour faire passer le message fera plus pour rectifier le problème que le marketing des activités artistiques.
Accéder à la jeunesse par les courants éducatifs devrait aussi faire l’objet d’une réflexion pour s’assurer que les jeunes soient actifs dès leur plus jeune âge dans les domaines artistiques, leur offrant ainsi l’opportunité de s’engager dans la conversation tout en créant la leur propre ; leur octroyer une plateforme pour raconter leur histoire et en même temps donner aux autres une chance d’entendre leur voix est essentiel pour qu’ils sentent que leurs histoires ont leur importance.
Étude de cas
Le Festival de cinéma du Mardi Gras est un festival de films LGBT concordant avec les festivités annuelles du Mardi Gras gays et lesbiennes de Sydney. C’est le plus important festival de cinéma LGBT d’Australie.
En 2018, le Consulat général du Canada, Sydney, s’est associé avec le festival pour inviter Natasha Negovanlis à cet événement en conjonction la projection de son film The Carmilla Movie.
Ce film est la version grand écran d’une série à petit budget diffusée sur le web et qui avait retenu l’attention sans précédent en ligne propulsant ses actrices principales à la célébrité sur les médias sociaux. Negovanlis est par la suite devenue un modèle respecté de la jeunesse.
Les spectatrices (96% s’identifiant comme femmes) avaient de toute évidence besoin de représentation. La séance eut lieu à guichets fermés en présence des actrices, certaines des admiratrices venant d’autres états parfois accompagnées de leurs parents pour voir le film et leur modèle préférée. La page du réseau social du Consulat a fait ainsi son meilleur score grâce aux tweets affichant la présence de Natasha et son interview qui ont recueilli plus de 200 000 impressions au total.
Pour plus d’information, RV sur www.canadadownunder.org.au/natasha-negovanlis
Gouvernement
Au cours de l’année financière 2017/18, le Consulat général du Canada de Sydney a investi en Australie plus de 200 000 dollars dans l’industrie culturelle et la diplomatie publique en participant à plus de 30 activités de partenariat dans le secteur culturel et en apportant son aide à plus de 100 Canadiens invités à des performances et collaborations en Australie.
Les collaborations et investissements dans des festivals ont entraîné le franc succès de notre média social @canadadownunder, accentuant par-là les histoires australo-canadiennes traitant de sujets prioritaires comme LGBTQI, l’égalité des genres et la réconciliation autochtone.
Trente-cinq délégués canadiens ont participé au Marché australien des arts du spectacle provoquant de nombreuses discussions sur la collaboration, l’investissement et les performances au Canada comme en Australie.
Un financement émanant du Post Initiative Fund et Mission Cultural Fund a permis au Consulat général du Canada, Sydney, de prendre une position de leader et de phare culturel en Australie.
La responsabilité de la culture au sein du gouvernement est large : elle devrait être au cœur même de tous les secteurs et pas seulement celui du portefeuille des arts. Il est essentiel que la discussion sur la culture, la diversité et l’inclusion ait lieu au sein du leadership dans tous les secteurs pour lui permettre d’infiltrer les domaines de l’éducation, du commerce, de l’immigration et des affaires. Les arts et la culture racontent l’histoire de l’humanité et expriment des perspectives tout en aidant le gouvernement à transmettre son message à ses citoyens.
Il existe un lien indéniable entre la créativité et les secteurs gouvernementaux d’investissement et de commerce que ce soit par relations, collaboration, développement commercial ou culture commerciale. Les fonds gouvernementaux devraient relancer ce secteur dans l’intérêt de la prospérité économique.
Le gouvernement canadien exerce une position d’influence certaine dans un monde qui tourne les yeux vers ce pays progressif socialement pour y recueillir son leadership, son message et sa compétence en matière de diplomatie culturelle. Le rôle du gouvernement est immense dans la promotion et la communication de ces messages tout autour du monde. Par l’entremise du financement culturel et artistique, la volonté politique et le leadership font leur chemin en accordant une visibilité à des communautés qui en ont besoin, et qui en retour profite immensément au gouvernement.
Il est important que les gouvernements ne limitent pas leur assistance à la simple création par les artistes mais cherchent également à augmenter le nombre de ceux qui en sont spectateurs. Le narratif est le fondement même de la Culture là où la jeunesse en particulier peut trouver une représentation positive de sa propre expérience. Les gouvernements doivent s’engager sur différentes plateformes pour s’assurer que la narration et le message des artistes qu’ils encouragent reçoivent le soutien du public.
Les gouvernements doivent assumer le risque financier et investir car l’histoire d’une nation est mieux véhiculée par la culture et les arts, et cette histoire se doit d’être découverte et cultivée. Non négligeable est la capacité de la diplomatie douce à transmettre un message et à exercer une influence.
Conclusion
Le Canada doit miser sur la force du changement. Le monde est conservateur par habitude et le confort du status quo est séduisant ; l’élan du Canada pour raconter son histoire par le biais de la culture doit être maintenu : la force de la culture à communiquer ce message est immense.
Le financement de la culture par le Canada a donné aux missions l’opportunité d’explorer les histoires canadiennes et de leur fournir une plateforme mondiale, mais ce financement est accompagné d’une responsabilité énorme : nous nous devons d’adhérer aux meilleures pratiques et protocoles, mais nous devons aussi nous adapter. La culture et les arts sont dynamiques, changeants et en constante évolution ; les messages, les plateformes et les raconteurs subissent des mutations et des variations rapides et il est du devoir du gouvernement de comprendre ces changements et d’y répondre.
L’Art c’est l’éducation ; c’est une question partagée avec la communauté dans son ensemble, c’est un appel à la compréhension. Plus nous serons à même de partager les problèmes de ceux qui sont en marge, et plus la communauté au sens large sera compréhensive et éduquée, pour le bénéfice de tous. Plus un groupe est hétéroclite et plus il est ouvert au changement. Ainsi, plus la communauté dans son ensemble fait preuve de compréhension, et plus sa diversité sera forte et en bonne santé.
En réalité la diversité est notre force.
Le Consulat va également poursuivre les idées soulevées lors de son travail avec les autres départements gouvernementaux, y compris avec le Conseil canadien pour les Arts, dans le projet d’un Centre artistique d’immersion canadienne dans la région Asie-pacifique, Melbourne serait idéal, tout en partageant nos enseignements et nos connaissances par la participation à des conférences telles que le Sommet culturel des Amériques qui aura lieu à Ottawa en 2018.