
Cadre canadien pour Anosh Irani
Lorsque Anosh a quitté l’Inde pour le Canada en 1998, il ne possédait aucune expérience d’écriture en tant que telle. En Septembre 2017, il prononçait le discours de clôture du Festival des écrivains de Brisbane au titre de romancier et auteur de théâtre.
Travaillant dans la publicité en Inde, c’est sa passion pour le récit qui l’a orienté vers l’écriture littéraire.
“Je n’avais en vérité jamais rien écrit d’autre que des textes publicitaires ” nous a déclaré Irani lors de son passage à Brisbane.”
“La tradition de raconter des histoires fait vraiment partie de la culture indienne et en particulier dans ma famille, nous avons quelques grands conteurs dans la famille, et je voulais simplement explorer le concept de l’écriture, je me suis donc rendu à Vancouver pour y étudier l’écriture à l’Université de Colombie britannique (UBC).”
Selon Irani, ce déplacement lui a donné l’opportunité d’explorer sa créativité, bien que la séparation et la solitude furent difficiles au départ.
“Je me sentais isolé et désemparé au Canada, déclare-t-il.”
“Les deux premiers mois furent merveilleux, je découvrais un nouvel endroit, et puis petit à petit j’ai réalisé que j’étais loin de chez moi, loin de ma famille, mais aussi Bombay se rappelait à moi, dans le sens que les choses qui me hantaient, les choses qui m’avaient inspiré, ce sont ces choses qui ont vraiment inspiré mon écriture. J’ai toujours dit que le Canada est mon cadre tandis que Bombay est ma muse.”
Écrivain de romans et de pièces de théâtre, sa dernière oeuvre The Parcel est un roman situé en Inde, à Mumbai (le nom original de Bombay qu’Irani préfère) et centré sur Madhu, une femme transgenre ou ‘hijra’, ancienne prostituée. Pour Irani, le roman veut faire la lumière sur la communauté hijra et en même temps décrire sa propre jeunesse en Inde.
“Le mot transgenre est un terme occidental, nous explique-t-il, mais être hijra c’est très différent de la communauté transgenre des pays occidentaux, si l’on écarte le côté physique, culturellement c’est très différent parce que ancré dans la mythologie, la superstition, les hijra sont relégués dans l’ombre pour ainsi dire. ”
“J’ai grandi à Bombay non loin des quartiers chauds, depuis ma naissance jusqu’à l’âge de sept ou huit ans, j’habitais dans un lotissement à quelques centaines de mètres seulement de ces quartiers, et cette proximité, cette situation me sont très proches.”
La recherche nécessaire pour ce roman se composait d ‘un équilibre judicieux entre l’observation et la compréhension, Irani consacrant beaucoup de temps en Inde à établir un rapport et une connexion avec la communauté locale.
“J’ai commencé par passer beaucoup de temps dans les quartiers chauds, dit-il, chaque fois que je quittais Vancouver pour retourner en Inde, je passais des semaines à me promener simplement dans ces quartiers, en tant qu’observateur, sans vraiment interviewer quiconque, c’est quelque chose qui ne se fait pas, il faut se fondre discrètement et ne jamais s’éterniser trop longtemps au même endroit. ”
“Il y avait cet endroit particulier des quartiers chauds, où la communauté hijra se concentre. Je m’y suis donc promené longuement, notant mes observations, et puis lorsque j’ai écrit quelques pages pour le roman, je le ai montrées à une personne transgenre qui travaillait comme prostituée et danseuse dans un bar, son chemin est incroyable, c’était juste pour l’authenticité et pour m’assurer que j’avais bien pénétré le monde intérieur de cette personne (Madhu son personnage principal).”
Au Canada, en plus de son écriture, Irani enseigne maintenant l’écriture au Département de littérature internationale de l’Université Simon Fraser, ce qui lui doit d’avoir eu la chance de participer à un festival d’écrivains.
“Je n’avais jamais vraiment envisagé d’enseigner, dit-il. C’était il y a quelques années, presque cinq ans, quelqu’un, l’un des professeurs de l’Université Simon Fraser était modérateur d’un panel auquel je participais lors d’un festival d’écrivains et cette personne m’a dit : ‘Je pense que vous aimeriez enseigner et que vous pourriez exceller. ”
“J’avais la liberté de choisir mes propres ressources de lecture, j’ai donc eu beaucoup de chance à ce niveau-là, j’y suis resté depuis et ça me plaît énormément. ”
Une telle opportunité jaillissant d’une réunion d’auteurs ne fait que souligner selon Irani la valeur d’une participation à des festivals du monde entier.
“Je pense que c’est essentiel, dit-il, mis à part le fait évident qu’on touche ainsi à des publics auxquels on n’aurait probablement pas accès, je pense que ma présence en Australie, le fait que j’étais au Festival des auteurs de Melbourne et que je prononce le discours de clôture du Festival des auteurs de Brisbane, c’est ce qui a fait que les médias en Australie se sont intéressés à ce livre, en ont écrit des critiques, cela aurait pu peut-être arriver même si je n’étais pas venu mais je ne le pense pas.”
“Cela fait une grande différence, et au final c’est bon aussi pour la littérature canadienne par le fait que bien que mon livre ne se passe pas au Canada, le Canada est essentiel à mon écriture, parce que comme je l’ai dit précédemment, le pays me donne le temps et l’espace pour imaginer mes personnages et vivre avec eux. ”
La participation de Anosh Irani au Festival des écrivains de Brisbane a été rendue possible grâce au soutien du Consulat général du Canada, Sydney. Vous pouvez obtenir plus d’informations sur Anosh en consultant son site www.anoshirani.com