Andrew Martin et Fire Song: en parallèle
Lorsqu’ Andrew Martin a tourné son film Fire Song, un film canadien indépendant s’intéressant à la vie des jeunes appartenant aux peuples des Premières Nations, il n’avait jamais mis le pied en dehors de l’Amérique du Nord, il a maintenant fait trois fois la traversée de l’Océan Pacifique.
Nous l’avions déjà rencontré à Sydney en Mars dernier lors du Festival cinématographique de Mardi Gras où le film était présenté. Il a entre-temps beaucoup voyagé, assurant la promotion du film et développant les messages importants qui y sont exposés.
“Le film, dit-il, m’a emmené à Montréal, puis à Kingston, je suis allé à New York, à Ottawa et puis je suis venu en Australie une deuxième et maintenant une troisième fois. ”
“Chaque fois que j’ai présenté le film au public, la réponse a toujours été très positive, il a toujours été bien accueilli et le public s’est toujours ouvert à moi pour parler de sa propre expérience. ”
Que le public s’ouvre à lui après avoir fait l’expérience de Fire Song, a fait qu’ Andrew a découvert qu’il a pu lui aussi partager son expérience avec les problèmes d’alcool et de drogues, problèmes partagés avec le personnage qu’il incarne dans le film.
“Il y a, admet-il, quelques parallèles entre le personnage, moi-même et ma vie personnelle.”
“Il y a neuf mois, je n’aurai jamais parlé de la moitié des choses dont j’ai parlé à la séance de la nuit dernière, et à la séance du festival cinématographique de WINDA. Je pense que je me suis pas mal ouvert depuis ma précédente apparition.
“Je sais que d’en parler rend les choses chaque fois un peu plus faciles, et que ça m’aide à comprendre ce qui m’est arrivé et que ça m’aide à l’accepter plutôt que de le garder en moi comme j’avais l’habitude de le faire.”
Ce voyage à Canberra concordait avec la table ronde Australie-Canada sur la Santé et le Bien-être indigènes qui s’est tenue à l’Université nationale australienne, et qui a réuni des spécialistes canadiens et australiens venus envisager comment la collaboration entre les deux pays pourrait servir les intérêts de leurs populations indigènes respectives.
Après la projection, Andrew a été rejoint sur scène par quelques- uns de ces spécialistes pour une discussion sur le film et les problèmes évoqués, des problèmes extrêmement cohérents pour les deux communautés indigènes du Canada et d’Australie.
“C’était, dit-il, un environnement très différent pour moi, parce que c’était un peu plus académique qu’une séance de Q&R ou même un panel de discussion après une projection, pour moi c’était un petit peu intimidant. ”
“Mais je pense qu’au final ça a fonctionné et plusieurs personnes du jury sont venus me dire que je m’en étais bien sorti, et que ce que j’exprimais sonnait vrai et qu’ils prenaient tout cela en considération.”
Andrew a parlé en particulier de ce qu’il fallait s’assurer que les problèmes soulevés par le film tels que la pauvreté, les conditions de vie difficiles, l’alcool, les drogues et la violence, que ces problèmes n’appartiennent pas au passé, mais que ce sont des questions qui impactent les communautés indigènes au jour d’aujourd’hui. Il a aussi déclaré que même si des systèmes sont en place pour aider les peuples indigènes dans les zones urbaines, il y a encore beaucoup de travail à faire pour soigner les cicatrices associées avec le fait de demander de l’aide.
C’est incroyable, ajoute-t-il, que ces problèmes soient si semblables entre la communauté des Premières Nations du Canada et les communautés aborigènes si loin en Australie.
“Quand j’étais ici hier, explique-t-il, m’adressant à un groupe d’hommes Winnunga (au Service de la santé aborigène Winninga Nimmityjah à Canberra), ils voulaient juste que je leur parle de mon expérience et du tournage du film et puis ils ont commencé à me poser des questions sur ma vie personnelle.”
“Quand je leur ai parlé de ça, plusieurs m’ont alors déclaré que ce qu’ils vivent ici ressemble énormément à ce qu’on vit nous aussi au Canada.”
L’un des aspects importants du film, c’est le thème LGBT, Shane le personnage incarné par Andrew confrontant sa sexualité, c’est la raison pour laquelle le film a été choisi pour le Festival du Film du Mardi Gras en 2016. La visite d’Andrew lui a donné l’occasion de se joindre aux carnavaliers indigènes, une expérience tellement positive qu’il arbore maintenant fièrement sur son poignet le tatouage du Mardi Gras.
“C’est la première fois, dit-il, que je participe à un tel évènement de la Pride, je n’avais jamais participé avant, alors pour moi c’était une expérience toute nouvelle et l’environnement lui-même c’est quelque chose de tout à fait nouveau pour moi.”
“C’était si positif, c’était géant de voir toute une ville dans les rues défiler pour soutenir la communauté LGBTQ.”
Après Canberra, Andrew s’est rendu à Wellington, en Nouvelle Zélande, pour y présenter le film.
Andrew est venu à Canberra grâce au soutien du Haut-Commissariat du Canada et de la table ronde Canada-Australie sur la Santé indigène. Pour plus d’informations sur Fire Song, rendez-vous sur le site.